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X. — Les marchés à terme fermes sont ceux par lesquels le vendeur s’oblige purement et simplement à livrer à un terme fixé et l’acheteur à prendre livraison à ce terme. Les deux parties peuvent, si cela leur convient, reporter leur marché à une époque de livraison plus éloignée[1] ; mais cela ne peut résulter que d’un nouvel accord ; elles sont liées l’une et l’autre par une convention ferme et définitive.

Au contraire, dans les marchés à prime ou puts and calls, comme on les appelle en anglais, moyennant une prime fixée au moment de leur conclusion, l’acheteur se réserve le droit de ne pas prendre livraison ou en sens inverse le vendeur se réserve, moyennant l’abandon de la prime, de se dédire de son marché. Dans la première hypothèse, c’est un acheteur qui limite sa perte en cas de baisse : il abandonnera la prime au lieu de prendre livraison de la marchandise. Dans la seconde hypothèse, c’est un vendeur à terme, qui, pour le cas où la hausse viendrait à se produire contre ses prévisions, veut pouvoir se libérer de son engagement en abandonnant la prime à l’acheteur au lieu d’être obligé d’acheter du disponible au cours du jour. Ce sont là en réalité des achats avec arrhes, moyennant l’abandon desquelles l’acheteur peut ne pas donner suite au marché. Les Romains pratiquaient ce contrat. Mais l’usage moderne en a fait un emploi que probablement ils ne connaissaient pas. On fait quelquefois à Marseille des marchés à terme et à primes échelonnés sur plusieurs mois pour les huiles. Chaque mois l’acheteur est le maître de résilier la livraison du mois et, en ce cas, il doit bonifier au vendeur une prime de tant pour cent kilogrammes sur les quantités non reçues.

  1. Les Prolongationengeschafte, comme on les appelle en allemand, jouent un grand rôle sur le marché aux blés de Berlin. V. Fuchs, op. cit., p. 12.