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des opérations sur les marchés et les bourses, est un des faits les plus curieux de notre époque. En France, là où il existe des chambres de commerce officielles, elles ont pris l’initiative de ces règlements ou bien ont approuvé ceux que rédigeaient des assemblées spéciales d’intéressés. A Paris, tous les règlements relatifs au marché des farines, du blé, du seigle, des sucres, des alcools et des huiles ont été élaborés d’abord par le Cercle du Louvre, où se réunissaient les négociants. La Bourse du commerce ne date que de 1886. Elle réunit maintenant dans son local et fait bénéficier de ses services communs les corporations commerciales spéciales qui s’étaient formées spontanément. Aujourd’hui, la loi sur les syndicats professionnels rend très simple la formation de ces corporations et c’est la forme qu’elles adoptent toutes les unes après les autres. Quelquefois, elles se constituent cependant autrement. A New-York et à Londres, elles ont pris la forme de sociétés par actions pour l’exploitation d’un local. Seulement, pour devenir actionnaire du Corn market de New-York, de la Corn exchange association de Londres, de la Corn trade association de Liverpool, il faut exercer la profession de négociant ou de courtier en blés et être agréé par le comité exécutif[1]. Il y a là une application de la société par actions, qui dépasse de beaucoup le but que le code assigne aux sociétés commerciales, le partage d’un gain ou d’une perte (cf. chap. v, § 6).

Ces corporations acquièrent une grande puissance précisément par les services collectifs dont elles assurent la jouissance à leurs membres. Le Cotton Exchange de la Nouvelle-Orléans a des services d’information si sûrs et si prompts que son secrétariat est à même le 1er septembre à midi de publier une statistique complète de la récolte et du commerce du

  1. Le droit d’entrée s’élève au New-York Cotton Exchange à 10.000 dollars. Une part (membership) ainsi acquise dans l’Association peut être cédée, en cas de mort ou de démission, à un nouveau membre, agréé comme tel par le comité. En cas de faillite ou d’exclusion, cette part est vendue publiquement. En même temps, le Cotton Exchange est une institution de prévoyance. Il assure des secours aux veuves et aux enfants des membres décédés. Il en est de même au Produce Exchange.