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filatures dans le courant de l’année, ils seraient grevés par des pertes d’intérêt et des frais de magasinage qu’ils évitent en achetant eux aussi à terme sur les marchés des lieux de production (§ 2).

C’est ainsi que le marché à terme s’établit sur toutes les places où les transactions sur un article deviennent régulières et où les négociants se rencontrent pour traiter entre eux. Les blés, les laines, les cotons, les filés, les laines en suint, les peignés de laine, les cafés, les sucres, les alcools, les suifs sont partout l’objet de ventes et achats à livrer à des échéances, qui s’échelonnent de mois en mois et qui comprennent parfois douze mois, c’est-à-dire qui vont jusqu’à une nouvelle récolte. C’est ce qui se fait sur les cotons à la Nouvelle-Orléans. Il n’est pas jusqu’aux pommes de Normandie sur lesquelles, dès le mois de juillet, on ne fasse des transactions qui portent par mois successifs jusqu’en février. Les produits achevés, les matières premières employées seulement pour des produits de qualité supérieure, les denrées de luxe ne répondant qu’à une consommation restreinte et intermittente ne se prêtent pas à ce genre d’opérations et ne s’achètent en fait qu’en disponible sur échantillon, après agrément de la marchandise.

Le marché à terme comporte un développement nouveau de la spéculation ; car l’horizon du négociant, au lieu de comprendre seulement les stocks visibles et existant actuellement, doit s’étendre jusque sur la production future. Les prix des produits naturels du sol varient en effet non seulement d’après la consistance de chaque récolte, mais encore d’après les perspectives de la récolte prochaine. Les statistiques des différentes denrées au cours de chaque campagne, statistiques plus ou moins exactes si elles sont officielles, plus ou moins sincères si elles émanent de maisons de commerce privées, jouent un grand rôle dans les fluctuations des cours ainsi que les renseignements sur l’état des récoltes en terre.

La perspective d’une guerre fera hausser tous les approvisionnements disponibles, depuis les céréales jusqu’au fer, en