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nationale ; mais jusqu’à présent elle n’a pu triompher de la force d’inertie des intéressés[1].

Les opérations en disponible répondent habituellement aux besoins immédiats de la consommation. Le vendeur en ce cas ne spécule pas à proprement parler ; il réalise un bénéfice ou liquide une perte. C’est l’acheteur qui spécule : s’il prévoit la baisse, il ne s’approvisionne qu’au jour le jour ; au contraire, s’il prévoit la hausse, il étend ses achats, sauf à user des facilités que lui offrent les magasins généraux pour warranter ses marchandises.

IV. — Les magasins généraux ou docks, comme on les appelle en Angleterre, et elevators aux États-Unis, sont de vastes locaux situés près des gares et sur les ports, où les marchandises sont emmagasinées, classées et soignées[2]. Ils remplissent souvent les fonctions d’entrepôt réel pour la douane ; dans ce cas un décret est nécessaire pour les autoriser : sinon ils peuvent s’établir en vertu d’une simple autorisation préfectorale. Les magasins généraux de l’une et de l’autre catégorie délivrent en représentation des marchandises déposées dans leurs salles des récépissés transmissibles par voie d’endossement, en sorte qu’elles peuvent, par une série de ventes en disponible ou à terme, changer de propriétaire sans être matériellement changées de place. Au récépissé est joint un autre titre, le warrant, qui peut être endossé à une tierce personne et lui confère sur la marchandise un droit de gage sans qu’elle soit déplacée. Les magasins généraux ne doivent se dessaisir de la marchandise que si le warrant leur est représenté acquitté[3]. Le warrant, né

  1. Les ventes publiques de laines d’Australie à Londres et de la Plata au Havre et à Bordeaux diminuent depuis quelques années, parce que les grands fabricants cherchent de plus en plus à acheter directement leurs laines dans ces pays.
  2. V. dans las Instituciones de credito (Mexico, 1890) de l’éminent économiste M. Joaquin Casasus le chapitre vii : los almacenes generales de deposito.
  3. Les marchandises déposées dans les magasins généraux doivent être placées dans des sacs et étiquetées au nom de leurs propriétaires, en sorte qu’il ne peut y avoir en circulation plus de récépissés ni de warrants qu’il n’y a réellement de marchandises. C’est seulement pour les huiles que force est de les mélanger dans des récipients communs. Telle est la pratique française. Aux États-Unis et en Angleterre, les magasins généraux s’obligent seulement à rendre au déposant une quantité égale de fonte, de blé, de sucre, des