Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

La vente aux enchères publiques est le procédé commercial le plus propre à assurer la bonne foi, à régulariser les affaires et à fixer les prix au juste point qui résulte des offres et des demandes. Elle ne peut pas s’appliquer d’une manière générale ; mais il est à regretter que, dans nos habitudes commerciales françaises, il n’en soit guère fait usage que pour les ventes d’objets mobiliers ou de marchandises provenant d’une liquidation. Dès le xviie siècle, la Compagnie des Indes hollandaise avait organisé remarquablement deux fois par an des ventes publiques d’épiceries. L’usage s’en était assez généralisé. En 1768 notamment, on vendait de cette manière les diamants à Amsterdam[1]. Au xviiie siècle, la Compagnie des Indes française avait imité cette pratique. Ces ventes-là ont cessé avec les grandes compagnies ; mais, depuis d’assez longues années, dans les ports d’Australie, les laines de l’intérieur sont mises aux enchères ; à Londres et à Anvers, les importateurs font procéder à des époques fixes à des ventes aux enchères de marchandises répondant à de larges besoins industriels, tels que les laines, les fourrures, les cuirs, les peaux[2]. En France, une loi du 28 mai 1858 et un décret du 30 mai 1863, qui ont essayé d’introduire ce genre de vente, ont rencontré une vive résistance de la part des courtiers et autres intéressés, dont cela dérangeait les habitudes. Cependant, des ventes publiques périodiques ont lieu, au Havre, pour les bois d’ébénisterie, les peaux et les laines, à Bordeaux, pour les laines et les peaux[3]. La Bourse du commerce, établie récemment à Paris, travaille à instituer des ventes publiques de laines indigènes, qui seraient très utiles à la production

  1. V. Samuel Ricard, Traité général du commerce de la Hollande ou d’Amsterdam (4e édit. Amsterdam, 1721), pp. 5 et suiv. ; Accarias de Serionne, Du commerce de La Hollande (Amsterdam, 1768), t. II, p. 274.
  2. En 1860, à Londres, on faisait périodiquement des ventes aux enchères de sucre, de cafés, de thés, de riz. V. Robert de Massy, Des halles et marchés et du commerce des objets de consommation à Londres et à Paris (1861, Imprimerie impériale), lre partie, p. 42.
  3. A New-York un grand importateur Muiroz, Portier, Grose et C°, procède chaque année à date fixe à une vente aux enchères de soieries et de velours provenant de Lyon, Zurich, Crefeld ; les maisons de détail non seulement de New-York, mais des principales villes des États-Unis, s’y donnent rendez-vous.