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parfois simultanément à ces pratiques si diverses au point de vue moral et si différentes dans leurs résultats économiques,

II. — Nous avons dit dans le chapitre précédent comment le commerce contemporain opérait dans des conditions toutes différentes d’autrefois. Abondance des approvisionnements, sûreté matérielle, promptitude et facilité des opérations de transport, concurrence et réduction du taux des bénéfices, voilà ce qui le caractérise.

Chacun se rend bien compte de l’économie de capitaux qui résulte de l’organisation du commerce de détail en pensant aux sommes qu’il faudrait immobiliser s’il devait acheter à la récolte toutes ses provisions de l’année et au loyer qu’il faudrait payer, s’il était obligé de les emmagasiner chez lui. Le commerçant en grand ou approvisionneur rend les mêmes services à l’industrie et au commerce de détail. Les industriels, ayant la facilité d’acheter leurs matières premières seulement quand ils en ont besoin, engagent un capital moindre dans les affaires.

Tous les gouvernements comprennent l’importance qu’ont ces grands marchés, où les approvisionnements affluent. Ils multiplient les chemins de fer et les canaux ; ils améliorent l’outillage des ports ; ils recourent, pour les développer, aux surtaxes d’entrepôt, aux tarifs différentiels de chemins de fer. Heureux quand de fausses mesures ne compromettent pas ces approvisionnements, qui constituent le capital par excellence des peuples modernes et assurent leur sécurité[1] !

  1. Les lois de 1885 et de 1887, qui ont établi des droits de douane de 3fr. puis de 5 francs sur les blés, ont eu pour résultat de diminuer les stocks de farine et de blé dans les entrepôts de Paris dans les proportions qu’indiqué le tableau suivant des existences au 1er avril :
    Farines Blés
    Années quintaux Années quintaux
    1884 622.861 1884 215.383
    1885 481.914 1885 83.645
    1886 386.449 1886 303.439
    1887 455.618 1887 149.545
    1888 174.641 1888 97.493
    1889 301.362 1889 218.851
    1890 140.146 1890 50.723

    Les droits de 1 fr. et de 2 francs, établis en 1887 sur les soies de provenance italienne, ont eu pour résultat de faire perdre au marché de Lyon sa prépon-