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baissé de 6 à 4 p. 100. C’est la vraie cause de la plus-value des actions des compagnies ; car depuis 1865 leur dividende est resté stationnaire (chap. ii, §5, note). Enfin, dans les années qui précéderont l’expiration des concessions, la baisse les ramènera graduellement à leur taux de remboursement.

Au point de vue social, c’est une grande question que de savoir jusqu’à quel point il ne vaut pas mieux que les employés de chemins de fer dépendent des Compagnies au lieu d’être des fonctionnaires de l’État, quel régime leur assure plus de liberté et met mieux en relief chez eux la valeur morale et la responsabilité personnelle. Les démocraties modernes n’ont pas résolu jusqu’à présent le problème délicat d’assurer à leurs nombreux fonctionnaires l’indépendance civique, en la conciliant avec les exigences de la discipline professionnelle.

Actuellement, chez nous, les compagnies de chemins de fer et d’assurances sont le refuge des nombreuses familles qu’un ostracisme sectaire poursuit. Dans l’ordre des intérêts sociaux, maintes questions ont été mieux résolues par les Compagnies que par l’État, par exemple les économats et les caisses de retraite pour leurs employés.

On peut d’ailleurs dire de ces puissances financières ce qu’on disait des ordres, des corporations, des privilégiés de l’ancien régime : elles sont dans notre société démocratique des limites à l’omnipotence de l’État et dans des moments de crise, elles peuvent lui apporter un appui précieux. C’est le cas de la Banque de France, qui, grâce à son autonomie relative, a soutenu le crédit public en des temps difficiles et qui demeure la seule partie saine de notre édifice financier (chap. xiii, § 11).

Néanmoins ce n’est pas une raison pour multiplier les monopoles. Le système des banques nationales des États-Unis, qui donne à toute banque se conformant aux conditions légales le droit d’émettre des billets, vaut en principe beaucoup mieux que le système qui a prévalu en France et en Angleterre. Les services, qui justifient le monopole de la Banque de France, n’étaient assurément pas une raison pour