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remarquables, mais qu’on retrouve aussi à Londres, à Milan, à Rome.

Il y a là évidemment une transformation dans l’organisation commerciale indépendante des procédés particuliers pour attirer la clientèle que nous venons de discuter. Le succès des grandes sociétés coopératives de Londres[1], à Paris, de la Société des employés de l’État et de la Ville, établie rue Christine, surtout des wholesale societies anglaises, qui ne font aucun frais de publicité, en est la preuve et indique que dans l’avenir les unions de consommateurs doivent profiter des méthodes commerciales nouvelles inaugurées par les fondateurs des grands magasins dans leur intérêt personnel[2]. En Allemagne et en Autriche les artisans et les petits commerçants déployent la même animosité et

  1. Voici les résultats nets donnés en 1889 par les cinq grandes cooperative societies de Londres organisées sur le civil service plan, qui, à la différence des sociétés coopératives de consommation ordinaires, vendent au-dessous des prix usuels du commerce de détail au meilleur marché possible et vendent en fait à des acheteurs étrangers :
    Noms des sociétés Chiffre total les recettes en liv. st Bénéfices nets sur les ventes et revenus divers Distribution aux acheteurs en p.100 de leurs achats
    Army and Navy coop. society 2.651.059 98.608 3.72
    Civil service supply association 1.788.322 45.682 2.55
    Civil service cooperative society 481.120 16.648 3.46
    Junior Army and Navy stores 600.724 8.390 1.40
    New civil service coopération 158.317 2.983 1.88

    Les actions de ces sociétés ont en même temps gagné de larges dividendes, et, quand quelqu’une est mise en vente, elle est négociée à un prix très supérieur au versement opéré au début. Les employés de ces grands magasins coopératifs sont largement intéressés aux bénéfices. (Economiste français du 21 mars 1891.)

    En Allemagne, la société coopérative de Breslau, fondée en 1865 par 26 personnes avec un capital de 79 thalers, a des succès semblables. En 1889, ses 30.598 souscripteurs ont fait pour 7.349.669 marks d’achats sur lesquels un bénéfice brut de 1.136.793 marks a été réalisé. Les frais généraux l’ont réduit à 792.669 marks, ce qui a permis de distribuer aux acheteurs un boni de 10 p. 100 et d’augmenter encore les réserves. (Economiste français du 9 mai 1891.)

  2. Les frais généraux varient de 13 p. 100 à 40 p. 100, selon qu’ils s’appliquent à un magasin de grande concentration ou à un magasin petit ou moyen. Même parmi les grandes sociétés coopératives anglaises citées à la note précédente, les frais généraux varient en raison inverse du montant de leurs ventes d’une manière très remarquable. En 1888, ceux de l’Army and Navy avaient été de 8 p.100, ceux du Civil Service supplyco A. de 8,29 p. 100, ceux du Civil service cooperative Society de 11,32 p. 100, ceux du Junior Army and Navy de 12,84 p.100. V. dans le Nouveau Dictionnaire d’économie politique l’article Grands magasins par M. Georges Michel, et dans la Revue d’économie politique de mai-juin 1891 un article de M. Victor Mataja, le brillant professeur de l’Université d’Innsbruck.