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d’une société de banquiers juifs de Hambourg[1]. A Vienne, on en est réduit à compter les journaux indépendants, c’est-à-dire qui ne sont pas la propriété de maisons de banque israélites.

IX. — Les émissions sont souvent faites par un syndicat de banquiers afin de diviser les chances et surtout d’amortir la concurrence qu’ils pourraient se faire entre eux[2]. Même quand il n’y a pas de syndicat proprement dit, un accord tacite fait que nos principales sociétés financières évitent de s’occuper d’affaires dans un pays étranger sur lequel l’une d’elles a déjà étendu son action. Quand elle a une bonne affaire en mains, elle met, avant la souscription publique, un certain nombre de titres à la disposition des conseils d’administration des autres sociétés.

Souvent, les syndicats financiers se chargent à forfait d’une grande quantité de titres : le public qui se presse à leurs guichets ne les obtient qu’à un prix supérieur. La société, qui fait l’émission en garde la majeure partie dans ses caisses ; elle fait publier que la souscription a été plusieurs fois couverte, en sorte que les titres font immédiatement prime sur le marché et que les financiers les écoulent peu à peu à des prix de plus en plus élevés.

Les opérations du Crédit général français, fondé en 1872 par le baron d’Erlanger, sont un des exemples les plus saisissants de ces manœuvres des syndicats. Une trentaine de sociétés ont été fondées par ce financier de 1872 à 1880 sous le couvert du Crédit général français et bon nombre d’entre elles ont donné lieu à des débats judiciaires prolongés. Telle a été entre autres l’affaire des Réassurances générales, qui a été plaidée successivement devant les Cours de Paris et d’Orléans. On y voit que le petit groupe des souscripteurs

  1. V. Die deutschen Zeitschriften und die Enstehung der offentlichen Meinung par le docteur Wuthke (2e édit. Berlin, 1879), et les extraits publiés par M. Heinrich dans le Correspondant du 10 mai 1881
  2. On entend par syndicat dans ce cas une association en participation pour une affaire déterminée et d’une durée assez courte. Elle est généralement constatée par un simple échange de lettres ou résulte d’accords oraux. Elle est tenue secrète.