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Les subventions à la presse se sont élevées à 22.014.332 francs depuis la fondation du Crédit foncier jusqu’au 31 mars 1890, dit le rapport de M. Machart.

Elles vont toujours en augmentant et ont atteint 2.000.000 francs pendant chacune des trois dernières années ; encore conviendrait-il d’y ajouter des subventions spéciales, allouées pour toutes les émissions dont s’est chargé le Crédit foncier, bons de l’Exposition, bons à lots. Nous n’avons pas à examiner cette publicité accessoire dont les dépenses n’ont pas été payées au moyen des ressources propres de l’établissement.

Bien peu de feuilles sont restées étrangères à ces subventions et toutes les nuances politiques paraissent avoir été l’objet d’une semblable libéralité. Cette libéralité s’est même étendue à des publications qui n’ont absolument aucun caractère financier et dont le public est aussi restreint que spécial. Les subventions étaient autrefois accordées d’une manière intermittente, lors des émissions ou bien quand il fallait se défendre contre quelque attaque. Puis on a pensé qu’il serait préférable de prévenir les hostilités en s’attachant un grand nombre de journaux par des mensualités permanentes. Deux agents servent d’intermédiaires, l’un pour la presse politique, l’autre pour la presse financière. Ils reçoivent des honoraires fixés à 10 p. 100 de la dépense, qu’ils ont ainsi tout intérêt à augmenter.

Les mêmes scandales se sont produits dans l’affaire du canal de Panama.

Il serait très utile qu’on dressât le compte de toutes les sommes qui ont été allouées à la Presse, dit l’Economiste français du 20 juin 1891. Autant qu’on en peut juger, c’est à un bon nombre de dizaines de millions de francs que montent ces allocations. Jamais on n’a vu un système aussi complet et aussi persévérant de corruption de tous les organes d’un grand pays.

Il n’en va pas autrement en Allemagne. La plupart des journaux sont inféodés à des maisons de banque. La North-deutsche allgemeine Zeitung notamment, qui a été si longtemps l’organe officieux du prince de Bismarck, est la propriété.

    des subventions à la presse pour les bonnes valeurs. Les obligations des compagnies de chemins de fer émises continuellement à guichet ouvert ont progressé bien davantage que celles du Crédit foncier.