Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

absolument ruinés, les communes chargées d’emprunts et d’impôts avec des casinos, des boulevards gigantesques qu’elles ne peuvent entretenir et le Crédit foncier avec des immeubles qu’il a dû racheter ou des emprunteurs qui ne payent pas leurs annuités et qu’il se garde d’exproprier pour ne pas aggraver sa propre situation.

XIII. — Les considérations qui précèdent ne doivent pas faire condamner le crédit, mais aider à déterminer l’usage légitime qui peut en être fait par la propriété foncière.

Les associations de crédit mutuel allemandes, les building societies anglaises, et surtout les loan and building societies américaines montrent le rôle bienfaisant du crédit pour faire arriver des classes nombreuses à la propriété de leur habitation. Il suffit qu’une famille soit en état de faire une épargne mensuelle d’un certain chiffre.

Même en dehors du puissant appui que le principe coopératif donne au crédit, la vente de terres payables par annuités, by instalments, et le remboursement d’emprunts hypothécaires par ce système ont réussi aux États-Unis à beaucoup de farmers. C’est aussi par ces procédés que les sociétés philanthropiques, qui cherchent à multiplier le nombre des familles propriétaires, peuvent réaliser leur but.

Quant au crédit à court terme, les banques Schultze-Delitsch et les caisses Raiffeisen d’Allemagne, les Casse rurale di prestiti, les Banche popolare d’Italie montrent comment, sagement manié, il peut être très utile à l’agriculture. Plus le taux de l’intérêt baissera et se rapprochera de la productivité des capitaux engagés dans les opérations de la culture, plus le crédit à la production rurale devra entrer dans les habitudes des populations.

Le grand écueil, nous l’avons déjà dit, ce sont les crédits à la consommation. A toutes les époques, ils ont ruiné les familles de propriétaires de tout rang.

Au xve siècle, quand le système féodal commençait à entrer en décadence et que la consolidation des fiefs et les progrès de la culture donnaient une grande plus-value aux terres, les