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de commun avec son but. Ce qui est plus grave, c’est que depuis l’emprunt de 1879 le gouverneur du Crédit foncier a imaginé de constituer dans la Haute Banque et les autres établissements de crédit de Paris des syndicats de garantie auxquels les obligations sont cédées en bloc à 10 fr. au-dessous du prix auquel on les offre au public. Nous retrouvons là un des procédés signalés plus loin (chap. v, § 9). Dans ce cas, il est absolument condamnable ; car les obligations foncières et communales peuvent se placer directement, aussi facilement que les obligations des chemins de fer. L’intervention des syndicats a grevé le prix de revient de chaque obligation d’au moins dix francs au détriment des emprunteurs. Par contre, on évalue à 66 millions les bénéfices réalisés par les syndicataires de 1879 à 1885.

Les fonds disponibles dont dispose le Crédit foncier, soit comme capital, réserves, remboursements anticipés, provisions pour risques de prêts, excédent des émissions d’obligations sur les prêts réalisés, dépôts du public, sont considérables. Les bilans annuels ne rendent qu’un compte très imparfait de leur emploi. Ce que l’on sait seulement, c’est que l’escompte des effets de commerce bancables perd d’année en année de son importance. Le reste, quelque chose comme un demi-milliard, est employé en acquisitions ou en reports de fonds d’État, rentes, bons du Trésor, obligations sexennaires et sert à toutes sortes d’opérations, qui font du Crédit foncier un des facteurs les plus importants du marché financier. Son intervention à la Bourse a servi puissamment, — encore plus que la Caisse des dépôts et consignations, — à faire monter artificiellement le taux de la rente. En 1887, le Crédit foncier a perdu une somme importante dans la faillite de l’agent de change Bex, dont la Compagnie n’a pas voulu accepter la responsabilité à cause de leur caractère absolument anormal. En mai 1891, nous le voyons faire l’avance nécessaire pour rembourser les dépôts de la Société de dépôts et comptes courants.

Nous ne voulons pas ici rechercher ce qu’il y a de vrai