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la nullité aurait pu être prononcée au détriment du Crédit foncier, s’élevaient alors à plus de 83 millions.

Il serait trop long d’entrer ici dans l’exposé détaillé des relations du Crédit foncier avec diverses autres sociétés. Elles ont été souvent peu conformes aux statuts et d’autant moins prudentes que presque toutes ces sociétés étaient liées entre elles. La chute de l’une devait probablement avoir des conséquences très graves pour les autres et pour leur appui commun. Je citerai seulement le traité du 20 janvier 1886 avec la Compagnie foncière de France, dont l’article 2 pouvait, dans certains cas, obliger le Crédit foncier à prêter la totalité de la valeur d’un immeuble. Cette même compagnie a réduit successivement son capital, qui était primitivement de 100 millions, à 50, puis à 25 millions, avec l’agrément du Crédit foncier qui l’a même autorisée à racheter 20.000 de ses actions au-dessous du pair pour les annuler. Le capital serait donc réduit à 15 millions. Cette opération est sans doute avantageuse pour la Compagnie foncière ; mais elle diminue considérablement les garanties que cette société peut offrir à ses créanciers et par suite au Crédit foncier[1].

Le Crédit foncier a aussi servi d’instrument à l’énorme endettement des départements et surtout des communes, par suite de l’obligation qui leur a été imposée de construire de luxueux bâtiments scolaires. Au 31 décembre 1890, le montant des prêts communaux réalisés depuis l’origine s’élevait à 1.968.077.984 francs et il s’accroît toujours !

Comme l’a constaté M. Machart, à côté de ses opérations statutaires, le Crédit foncier de France a entrepris une série d’opérations analogues à celles des autres sociétés financières. Sous l’Empire il fonde le Crédit agricole, qui n’avait d’agricole que le nom et dont la liquidation fut très onéreuse. Après 1870, M. Frémy se livra à des spéculations sur les valeurs Égyptiennes, qui à la longue ont été lucratives par suite du relèvement du crédit de ce pays, mais qui, à un moment donné, furent très compromises. Sous cette administration et sous celle de son successeur, M. Christophle, le Crédit foncier a patronné maintes émissions, n’ayant rien

  1. Des opérations analogues ont été faites par le Crédit foncier avec la Foncière Lyonnaise et avec le Crédit foncier d’Algérie, qui, malgré son nom, prête aussi sur des terrains à Paris.