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il résulte que, malgré les entraînements des farmers à trop emprunter, les prêts imprudents faits par des mortgage companies mal administrées et l’élévation du taux de l’intérêt qui oscille de 8 à 14 p. 100 dans le Far-West, la crise qui s’est produite il y a deux ou trois ans tenait surtout à de mauvaises récoltes et à la dépréciation momentanée des produits agricoles causée par le régime protectionniste. Les États de l’Est ont, en leur temps, passé par des crises pareilles ; ils en sont sortis parce que la terre a, dans la suite, augmenté énormément de valeur. Il en sera de même dans l’Ouest et l’on cite le cas d’une compagnie, qui, trompée par un agent, avait prêté dans l’Orégon pour six fois au-dessus de la valeur réelle des terres et qui cependant a été payée, parce que la terre a fini par réaliser cette plus-value. On doit compter surtout sur la baisse du taux de l’intérêt, qui est très accentuée dans les États de l’Est, et ne peut manquer à la longue de profiter à l’Ouest[1].

Une situation semblable existe dans l’Australasie. En Nouvelle-Zélande notamment, on signale la grande quantité de terres possédées par les mortgage and trust campanies et par les banques[2]. Ce sont là évidemment des phénomènes inséparables de la prompte occupation des territoires nouveaux.

  1. L’opinion des hommes les plus autorisés aux États-Unis tend de plus en plus à modérer l’impression que certaines statistiques locales sur la dette hypothécaire avaient produite il y a quelques années, et à confirmer les appréciations que nous formulons au texte. V. notamment M. James Bishop, chef du bureau des statistiques du travail du New-Jersey, dans le report de 1889, pp. 307 à 390 ; M. Annecke, ancien consul d’Allemagne aux Etats-Unis, dans un rapport analysé par l’Economiste français du 6 juin 1891 ; enfin le général Porter, dans un article, Public and private debts, dans la North American Review de novembre 1891. A la suite de l’émotion de l’opinion publique dont nous venons de parler, le général Porter, chef du Census de 1891, a fait, sur l’ordre du Congrès, une enquête sur la consistance des dettes hypothécaires dans l’Union américaine. Cette enquête ne présente que des résultats très approximatifs, à cause de l’imperfection de la méthode employée. (V. la critique qu’en a faite the Nation du 28 mai 1891.) Néanmoins l’opinion du général Porter contre des vues pessimistes exagérées a une importance réelle.
  2. V. the Economist, 20 juin 1891.