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dans l’Ouest. Les bureaux du travail ont publié des statistiques assez inquiétantes à première vue, celle de l’Illinois, par exemple :

Dans cet État, — (en laissant de côté le comté où se trouve Chicago, dans lequel les terrains suburbains ont pris une valeur particulière), — le nombre des inscriptions d’hypothèques (mortgages), sur les farm-lands qui en 1870 était de 66.377 pour une valeur de 95.721.003 dollars, s’est élevé en 1880 à 80.759 pour une valeur de 103.525.237 dollars, et en 1887 à 90.389 pour une valeur de 123.733.095 dollars, soit une augmentation de 8,2 pour 100 de la valeur des dettes et de 22 p. 100 du nombre des débiteurs dans la première période, de 19 pour 100 de la valeur des dettes et de 12 p. 100 du nombre des débiteurs dans la deuxième. L’augmentation du nombre et de la valeur des hypothèques porte presque exclusivement sur les emprunts et non sur les privilèges du vendeur ; ceux-là sont restés à peu près stationnaires. Or, dans l’ensemble de l’État de l’Illinois, l’accroissement de la valeur des terres, qui avait été de 24 p. 100 entre 1870 et 1880, n’est plus que de 10 p. 100 entre 1880 et 1887. Ce n’est là d’ailleurs qu’une moyenne : dans plusieurs comtés, l’accroissement de valeur a été supérieur, dans d’autres inférieur[1].

Les inductions trop générales que l’on pourrait tirer de cette statistique et d’une autre à peu près semblable pour le Michigan sont discutées dans un remarquable article du Political Science quarterly d’Harvard de septembre 1889. Il faut distinguer 1'old West, dont font partie l’Illinois, le Michigan, l’Indiana, l’Ohio, du new West, où la culture a commencé il y a une douzaine d’années. Dans l’old West, des progrès agricoles énormes, routes, clôtures et drainages, ont été réalisés et

  1. Ce qui semblerait indiquer que la situation n’a rien d’anormal, c’est la proportion constante existant entre le nombre des hypothèques contractées dans le cours de l’année et celui des expropriations réalisées aux deux dates de 1880 et de 1887 dans l’Illinois. En 1880, 41.805 mortgages avaient été inscrits pour une valeur de 52.610.483 dollars : il avait été prononcé 1.435 expropriations pour une valeur de 2.557.238 dollars. En 1887, 63.660 mortgages avaient été inscrits pour une valeur de 99.795.684 dollars ; il avait été prononcé 2.078 expropriations pour une valeur de 3.374.243 dollars. (Report of the bureau of Labor statistics of Illinois for 1890.) Il y a même une amélioration sensible, si l’on compare aux deux dates la valeur des mortgages nouveaux et celle des expropriations. En tout cas, la situation est bien meilleure qu’en France, où, dans la même période, les ventes sur saisie immobilière ont doublé.