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des capitaux énormes qui vont s’engloutir dans les chemins de fer de l’Ouest. Le placement est généralement fort mauvais pour les actionnaires ; mais ces lignes ouvrent la voie à la civilisation, et quand le capital qu’ils représentent aura été lavé, suivant la pratique et l’expression américaines, ce seront les farmers, les travailleurs de toute sorte, qui en auront recueilli le plus clair bénéfice.

C’est ce que les compagnies de chemins de fer du Sud-Ouest ont exprimé dans une note publiée à l’occasion des mesures tyranniques prises contre elles en 1891 par la législature du Texas, composée de farmers ignorants.

Les compagnies de chemins de fer ont placé dans le Texas des sommes considérables. Des centaines de milles de voies ferrées ont été construits dans un territoire inhabité ; des millions de dollars ont été dépensés pour faire de la publicité en faveur de l’État et lui procurer des colons. Aucune section de l’Ouest n’a été l’objet de réclames (boomed) pareilles à celles qui ont été faites pour le Texas. Les compagnies avaient entrepris de faire de Galveston un port indépendant et l’aboutissant de tout le Sud-Ouest, ainsi que d’une partie de la côte du Pacifique et de la section de l’Ouest central. C’est quand le Texas a été ainsi en possession de tous ses chemins de fer que le peuple a entrepris de les écraser sous une réglementation tyrannique et inconstitutionnelle…

La spéculation a de fort vilains aspects moraux ; mais il faut tenir compte de tous les progrès qui ne se réalisent que parce qu’elle existe.

La grande propriété n’a qu’un rôle transitoire à remplir aux États-Unis. Elle se morcelle d’elle-même, dès que la population augmente et qu’il y a une plus-value à réaliser. Les grands élevages de chevaux et de bêtes à cornes en liberté (ranchs) paraissent avoir fait leur temps. D’une part, la baisse du prix du bétail diminue leurs profits ; d’autre part, les settlers, qui s’établissent de ça et delà, les gênent ; surtout les pâturages naturels, dans ces territoires si secs, s’épuisent rapidement dès qu’ils sont trop pacagés. Un des derniers rapports du Commissaire de l’agriculture du Kansas établit que