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qu’elle fait naître, une des plus graves est certainement la difficulté du logement de l’ouvrier dans des conditions satisfaisantes. C’est une des grandes causes du paupérisme. Elle neutralise parfois les bienfaits de la hausse des salaires (chap. i, § 7).

III. — Pour voir se produire de grandes plus-values sur les terres, il faut observer les pays qui entrent pour la première fois en contact avec la civilisation et son appareil économique.

La Russie d’Europe est un des pays où le phénomène de la plus-value du sol agricole se manifeste le plus nettement en ce siècle. D’après une enquête faite par le ministère de l’Agriculture dans 43 gouvernements, sur la valeur des terres, — 1° de 1860 à 1870, — 2° en 1883, — 3° en 1889, la hausse a été générale et très considérable de la première à la deuxième période : elle a été en moyenne de 143 p. 100, mais s’élevant quelquefois à 400 p. 100. De 1883 à 1889, le mouvement de hausse a été moins accentué et les prix de la terre ont marqué une tendance à une moins grande inégalité. Sous l’influence de la baisse du prix des céréales, ils ont subi une certaine dépression dans les régions où les prix de vente étaient le plus élevés en 1883, tandis que la valeur vénale a surtout progressé là où elle était relativement basse à cette époque. Ainsi il n’y avait plus en 1889, dans les gouvernements objet de cette enquête, un seul déciatine de terre à moins de dix roubles, même en dehors de la région des terres noires, tandis que de 1860 à 1870 les terres vendues au-dessous de ce prix figuraient pour 26 p. 100 dans la région non tchernozème et même pour 17,8 p. 100 dans cette région privilégiée. D’autres tableaux statistiques établissent que dans ces mêmes gouvernements la population a augmenté de 24 p. 100 de 1856 à 1885 et que partout la plus-value des terres a été en raison à peu près constante de l’accroissement de la population et du développement des voies ferrées[1].[fin page122-123]

  1. V. les beaux travaux du Dr John von Keussler, publiés dans la Russische Revue de 1891. Ils ont été en partie reproduits dans le Bulletin du ministère des Finances, 1891, t. I, pp. 465-469.