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plus exactement, de l’action de la Providence. On la retrouve partout dans l’ordre économique[1] ; elle est une cause de plus de l’inégalité des conditions (chap. i, § 1). Or comme il est impossible de distinguer pratiquement dans chaque revenu foncier ce qui est rente et ce qui est intérêt des capitaux incorporés, tout l’effort d’Henri George et de ses disciples, Flursheim, sir Richard Wallace, W. Harbut Dawson, aboutit, suivant les pays, à préconiser un certain nombre de réformes législatives plus ou moins discutables. Pour l’Irlandais, c’est l’expulsion des Landlords au profit des tenanciers ; pour l’Anglais, c’est l’abolition de tous les obstacles légaux à l’aliénation du sol ; pour le membre américain de l’anti-poverty league, c’est l’impôt unique sur la terre comme moyen d’encourager l’agriculture ; pour l’Australien, c’est le droit du free selecter ou défricheur à l’encontre du squatter, qui occupe de vastes espaces uniquement pour le pâturage. En d’autres termes, il n’y a aucune loi générale à tirer de tous les volumes écrits sur la rente et l’unearned increment : il s’agit seulement pour chaque pays d’organiser au mieux de ses conditions historiques et économiques l’union de la famille agricole et du sol sur la base de la propriété privée héréditaire, la seule qui réponde aux nécessités de la civilisation.

II. — Quand on veut se rendre compte, en Europe, de l’accroissement de valeur des terres à des époques un peu éloignées, il faut évidemment tenir compte d’abord de la hausse dans l’évaluation, qui correspond à la diminution du pouvoir d’acquisition des métaux précieux. Tous les prix ayant monté, — les produits comme les salaires, — naturellement les capitaux sont exprimés par des chiffres supérieurs : c’est une rectification que chacun comprend.

En France, l’Administration des contributions directes, en

  1. Les économistes récents font remarquer qu’il y a souvent aussi, pour le capital et pour le travail engagés dans certaines entreprises, des bénéfices dépassant le taux normal de l’intérêt ou du salaire et que, dans une théorie complète, ils doivent être assimilés à la rente. V. Marshall, Principles of economics (2e édit.), t. I, pp. 418-429, 607-612, 622,654-691, 713, qui les appelle des quasi-rents, et John Hobson, the Law of three rents, dans the quarterly Journal of Economics (Boston, Harward-University, avril, 1891).