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de capitaux d’autant plus larges qu’on lui demande des moissons plus abondantes ou qu’on y élève des habitations plus confortables. Même dans les sociétés naissantes, où il semble que le don naturel soit tout, l’utilisation de la terre n’est en réalité possible que grâce à des travaux de viabilité et à l’appui donné aux settlers par l’outillage collectif mis en œuvre par la commune ou l’État ; sinon la nature vierge dévore les premières générations d’occupants ou en fait des sauvages, comme cela s’est souvent vu dans les colonisations européennes des siècles derniers, comme cela s’est produit constamment dans les migrations des temps primitifs.

Plus un territoire est occupé et plus l’agriculture y devient intensive, plus aussi augmentent les incorporations de capitaux, constructions, défrichements, amendements permanents, irrigation, viabilité. C’est la forme première et la plus importante de la capitalisation (chap. i, § 12). Elle se traduit plus ou moins par l’accroissement de la valeur locative et de la valeur vénale du sol. Nous disons plus ou moins, car ces capitaux-là échappent en grande partie à la direction de leur propriétaire dans l’œuvre si délicate de transformation, de dénaturation et de reconstitution sur les produits qui rend leur perpétuation possible (chap. iii, § 5). Suivant les bonnes ou les mauvaises chances, ils se déprécient ou prennent une plus-value.

Cette plus-value peut résulter de l’accroissement des besoins de subsistance pour une population croissante, de l’agglomération de la population sur certains points et de la demande plus vive de produits particuliers qui en résulte (fruits, légumes et laitage autour des villes), de l’ouverture de voies de communication qui diminuent les frais de production et d’adduction des produits sur les marchés. Des plus-values très accentuées sont acquises par le fait de ces diverses circonstances à certains terrains agricoles et urbains.