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plus forte. Du même coup les changes sur l’étranger s’abaissent. Les reports deviennent plus chers, ce qui enraye la hausse à la Bourse. La baisse des valeurs et la baisse du change poussent aux envois au dehors des titres susceptibles de se négocier sur toutes les bourses du monde (chapitre ix, § 3). C’est ainsi que s’établit de nos jours la balance du commerce, et non plus seulement par l’équilibre des importations et des exportations de marchandises, comme autrefois.

XII. — L’importance qu’ont prise de nos jours les recettes et les dépenses de l’État, les mouvements de fonds qu’elles entraînent et le stock monétaire, qui doit toujours être à la disposition du Trésor pour faire face à ses engagements quotidiens, font que dans chaque pays le Trésor est un agent fort important sur le marché financier. Selon qu’il entasse des espèces dans ses caisses ou qu’il les en fait sortir, le marché se détend ou se contracte. Le ministre des Finances doit donc partout concerter ses opérations de Trésorerie avec les grandes banques de manière à ne pas amener de perturbations ou même parfois de manière à modérer celles qui se produisent par le fait des spéculations de la Bourse.

Chez nous, quand un grand emprunt est émis, on fractionne les versements et les échéances de façon à ne pas brusquement resserrer la circulation monétaire. Le ministre des Finances s’entend toujours en pareil cas avec la Banque de France[1].

En Angleterre, où la situation est encore plus tendue, en mai 1889, à la suite de la conversion de M. Goschen, le remboursement d’un certain nombre de consolidés 3 pour 100, au moyen d’une émission de cinq millions de livres sterling de bons du Trésor, diminua les capitaux disponibles sur la place et amena l’élévation du taux de l’escompte. Aux États-Unis les recettes exagérées que le gouvernement fait

  1. V. sur ces précautions le rapport de M. Sadi-Carnot sur l’émission de l’emprunt de 500 millions du 10 mai 1886, dans le Bulletin du Ministère des Finances, année 1886 t. I, p. 607.