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quantité les autres paysen possèdent et comment toutes les demandes nouvelles de métal qui se produisent retombent en réalité sur les réservoirs, dont la Banque d’Angleterre, la Banque de France, la Reichsbank ont la garde. Dans chacun de ces pays, en effet, la principale masse d’or est détenue par la grande banque nationale. C’est elle qui, par sa position officielle exceptionnelle et par l’importance même de son encaisse, sert de garantie et de support à la circulation fiduciaire. Mais précisément pour cela ces banques doivent veiller à ce que leur encaisse d’or soit toujours suffisante, non seulement pour rembourser à vue leurs billets, mais encore pour satisfaire les besoins de numéraire qui se produisent dans le pays et même dans les pays voisins. En effet, c’est surtout en fait de marchés monétaires que la théorie des vases communiquant se vérifie. Les banquiers transportent des sommes importantes d’une place à l’autre dès qu’il y a un écart dans les taux de l’escompte et des reports de Bourse[1]. Quelque forte que soit la position de la banque de France[2], si elle n’y veillait, tout l’or de son encaisse ou en circulation dans le pays irait à certains moments en Angleterre, en Allemagne, en Amérique.

Le seul moyen pour la banque nationale de défendre cette encaisse, c’est de relever le taux de l’escompte et des avances sur titres. Ce relèvement diminue les recours au crédit, amène des rentrées de numéraire et comme en ces circonstances les banquiers offrent aux dépôts qui leur sont faits un intérêt plus élevé, les réserves des particuliers sortent de leurs coffres-forts et les capitaux flottants disponibles affluent du monde entier sur la place où on les appelle par une rémunération

  1. Le 31 juillet 1890, la Banque d’Angleterre porte le taux de l’escompte à 5p. 100. Sur le marché libre il baisse immédiatement à 4½ % p.100 « à cause de la concurrence des maisons étrangères qui trouvent à Londres un emploi plus avantageux pour leur or que chez elles ». The Economist 9 août 1890.
  2. Notre système monétaire donnant à la Banque le moyen de rembourser ses billets en écus, elle en profite pour ne donner de l’or au public que dans des proportions soigneusement mesurées. En temps ordinaire, elle vend aux banquiers l’or qu’elle garde en lingots ou en souverains anglais, avec une prime qui est allée, à certains moments, jusqu’à 7 pour 1000.