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Angleterre, en Allemagne, en France, ces grandes compagnies de banquiers et de marchands florentins, qui étendaient leurs affaires sur toute l’Europe. Comparativement aux Juifs et à leurs prédécesseurs les Lombards, ils étaient plus modérés dans leurs exigences et se contentaient d’un honnête interesse. En vain incriminait-on, en France et en Angleterre, les banquiers des Papes comme usuriers, la force des choses faisait que le Saint-Siège protégeait de toutes ses foudres temporelles et spirituelles ceux qui lui rendaient des services essentiels[1]. Les Génois, à Naples et en Espagne, remplirent le même rôle pendant les siècles suivants. Jusqu’à la fin du seizième siècle, les Florentins, les Lucquois restèrent les financiers attitrés de l’Europe. Puis, avec le progrès des nationalités, chaque pays eut ses traitants. Les banquiers hollandais et genevois, au dix-huitième siècle, acquirent une prépondérance basée sur l’étendue de leurs relations, jusqu’à ce qu’en ce siècle-ci la Haute Banque et les grandes sociétés de crédit les aient remplacés. Nous décrirons plus loin (chap. xii) leur formation et leurs fonctions diverses.

La plus importante est de recueillir partout cette partie des épargnes qui peut échapper à l’absorption fiscale et de la porter sur les marchés où le plus grand profit peut en être attendu.

Jadis le commerce des lettres de change était le seul moyen par lequel le capital se répandait et circulait dans le monde[2]. Aujourd’hui, le taux de l’escompte et des reports, les variations du change, les arbitrages de bourse sont les trois procédés par lesquels les capitaux se portent sur les divers marchés et tendent à se répartir entre tous les pays proportionnellement à leurs forces productives et à leurs besoins d’échange. Ce perfectionnement dans les procédés du

  1. Voy. Bourquelot, Mémoire sur les foires de Champagne, 2e partie, pp. 117 à 122, 143 à 154.
  2. Au commencement du xviiie siècle, Daguesseau (Mémoire sur le commerce des actions de la Compagnie des Indes) (1720) indique l’importance qu’avait alors le commerce du papier de change.