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d’or ou par des importations. Elles tiennent ainsi en échec la Banque d’Angleterre, qui ne peut pas contrôler le cours de l’escompte comme elle le voudrait, quand, par exemple, elles veulent par le bas taux de l’argent assurer le succès d’une émission. Le fait s’est produit fréquemment dans ces dernières années[1].

Cette prépondérance des grands banquiers est cependant bien plus forte dans les pays qui en sont réduits au papier-monnaie. Par leurs opérations ils font varier au gré de leurs intérêts le cours du papier-monnaie comparativement à l’or, qui est la monnaie universelle et à laquelle il faut toujours rapporter le papier-monnaie dans les opérations commerciales et financières internationales. Berlin est le siège de spéculations continues sur la valuta autrichienne et sur le rouble russe : les ministres des finances de ces deux pays doivent constamment avoir l’œil ouvert sur les manœuvres de la Finance pour les déjouer plus ou moins heureusement par des contre-opérations de trésorerie.

IX. — De sa nature, le marché de l’argent est universel ; car le propre de la monnaie, c’est-à-dire des métaux précieux et des signes qui la représentent, est d’être recherchée et acceptée par tous les hommes indistinctement et de conserver dans tous les temps et dans tous les lieux une puissance d’acquisition sensiblement moins variable que celle de toute autre marchandise. Une des plus grandes manifestations de l’existence d’un ordre économique naturel est l’identité du système monétaire chez tous les peuples et à toutes les époques. Les mêmes perturbations ont été amenées toujours par la violation des lois économiques en fait de monnaie chez les Grecs et chez les Romains aussi bien qu’au moyen âge[2], chez les Chinois aussi bien que chez les peuples

  1. V. entre autres les faits rapportés par the Economist des 17 et 24 novembre 1888, 16 mai, 6 et 13 juin 1891, et par l’Economiste français du 26 octobre 1889 et du 1er février 1890.
  2. François Lenormant, dans son livre la Monnaie dans L’antiquité (3 vol. Maisonneuve, Paris, 1878) a mis parfaitement en évidence l’identité et la constance des phénomènes monétaires,