Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

reports de bourse, et entraîne la faillite des négociants dont les affaires n’étaient pas très sûres[1].

Moindre est le stock monétaire comparativement à l’échafaudage qu’il supporte, plus cette situation devient critique : c’est le cas de l’Angleterre dont l’approvisionnement d’or est très faible et où l’émission des billets de banque est soumise à une limitation rigide.

Au commencement de 1890, d’après the Economist, les banques de dépôt de Londres avaient 161.326.000 liv. d’engagements et elles avaient disponibles en caisse et à la Banque d’Angleterre seulement 16 millions et demi de livres, soit une proportion de 10,3 p. 100. Sur ces 16 millions et demi, neuf étaient confiés à la Banque d’Angleterre, qui en emploie une partie en escomptes et avances sur titres ; une autre partie sert aux transactions du Clearing House. Cela réduisait à sept millions de livres st. les ressources monétaires disponibles pour faire face à 161 millions de livres d’engagements. Quant aux banques de province, dont les bilans étaient publiés à la même époque, elles avaient plus de 400 millions de liv. de dépôts ; la proportion de leurs disponibilités à leurs engagements était de 11 p. 100 ; mais la majeure partie de ces disponibilités étaient déposées dans les banques de Londres, qui en font usage pour leurs transactions journalières. La Banque d’Angleterre elle-même n’avait à ce moment qu’une encaisse totale de 17.782.374 livres en espèces et 8.643.200 liv. en billets en sus de la réserve métallique, pour assurer le fonctionnement de ce mécanisme si délicat et inspirer au public la confiance qui en est l’élément essentiel.

Dans cette situation, le déplacement de quantités d’or relativement petites contracte ou détend le marché des capitaux. C’est ce que font, suivant leur intérêt du moment, quelques puissantes maisons de banque, par des exportations

  1. Sur les crises du crédit, V. Bagehot, Lombard Street, chapitre vi : Comment il se fait que Lombard Street est quelquefois fort calme et quelquefois fort agité, et C. Juglar, Des crises commerciales et de leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États-Unis (2e édit. Guillaumin, 1889).