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la monnaie métallique. Les dépôts en banque se sont développés considérablement et avec eux le système des compensations. La Reichsbank, par exemple, qui en 1876 avait fait des virements de place à place ou sur place seulement pour 5.134 millions de marks, en a fait en 1889 pour 26.152 millions. En même temps, dans les neuf principales villes de l’Empire, se sont créés des Clearing Houses, qui en 1889 ont compensé de leur côté des opérations montant à 18 milliards de marks. Chez nous, la Banque de France rend des services analogues par ses virements de parties et ce genre d’opérations va toujours en se développant. En 1890, sur un mouvement total, à la caisse centrale, de 60.594.217.000 fr., les espèces figuraient pour 1.207.380.000, les billets pour 16.935.938.000 fr. et les virements pour 42.450.899.000 fr. A ce chiffre, il faut ajouter près de trois milliards pour les billets à ordre, virements et chèques de Paris sur les succursales ou vice versa, compensés en écritures, enfin, 5 milliards, qui passent année moyenne par la Chambre de compensation des banquiers de Paris. On arrive en réalité à 50 milliards de virements et de compensations.

Les grandes affaires, comme les souscriptions aux emprunts, se font presque exclusivement sous cette forme ; on remue des millions sans toucher un écu[1].

Le paiement de l’indemnité de guerre due à l’Allemagne par la France en 1871 (5.315,758.853 francs) n’a été fait en réalité en espèces d’or et d’argent que jusqu’à concurrence de 512 millions ; le reste a été payé principalement en lettres de change (4.248.326.374 fr.).

Cependant les espèces métalliques conservent toujours un rôle que rien ne pourra supprimer ; car l’emploi de tous ces

  1. Ainsi, le 10 janvier 1891, la Banque de France a fourni 12 fois 1/2 la couverture de l’emprunt, soit 1 milliard 763 millions versés au Trésor. Cette opération s’est effectuée par des virements presque exclusivement. Les virements entre les comptes courants des particuliers et le Trésor se sont élevés, dans la journée du 10 janvier, à 2.672.100.000 fr. et le 12 janvier entre le Trésor et les comptes courants à 2.500.000.000 fr. L’encaisse métallique et la circulation fiduciaire n’ont joué qu’un rôle très secondaire dans cette opération et dans sa préparation. Du 6 au 10 janvier, la première a été en augmentation et la seconde en diminution à plusieurs reprises.