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millions environ de billets de banque (déduction faite de la partie couverte par l’encaisse de la Banque) ; en Angleterre, les espèces métalliques ne montaient qu’à 3.546 millions de francs et les banknotes émises à découvert à 280 millions. C’est que dans ce pays, comme dans tous ceux où l’appareil du crédit est fort développé et où le chèque a pénétré dans les usages ordinaires de la vie, la plupart des échanges se règlent par des compensations en banque.

Dans les huit années écoulées depuis, les stocks monétaires ont augmenté vraisemblablement de 2 ou 3 milliards ; mais les opérations de compensation ont pris une extension bien plus considérable et s’acclimatent de plus en plus partout. Le premier Clearing House de New-York a été créé en 1853, et toutes les villes importantes de l’Union en ont aujourd’hui. L’Allemagne, l’Italie, l’Autriche ont, depuis vingt ans, introduit cette institution, quand elles sont entrées dans le grand courant des affaires[1].

En 1890, le Banker’s Clearing House de Londres a liquidé pour 7.801.048.000 livres (près de 200 milliards de francs) ; et il faut ajouter à ce chiffre 162.019.632 livres, liquidées par le Clearing House de Manchester. Aux États-Unis, en cette même année 1890, les Clearing Houses, qui existent dans les 37 principales villes de l’Union, ont compensé pour 59.585.636.458 dollars (plus de 300 milliards de francs)[2].

En Italie, six Stanze di compensazione ont liquidé en 1890 pour 14.772.275.130 francs d’affaires.

Depuis 1871, en Allemagne l’émission de billets de banque n’est plus la ressource unique pour augmenter l’efficacité de

  1. V. dans le bulletin de l’Institut international de statistique (Rome, 1886), t. I, Die Entwickelung des Clearingverkehres, par Heinrich Rauchberg.
  2. D’autre part, dans l’année 1889-90, les 3.567 Banques nationales des Etats-Unis ont tiré les unes sur les autres pour 11.550.898.255 dollars de traites. Il y a un nombre égal de banques d’Etat et de banques privées faisant des opérations semblables, sauf l’émission des billets. On peut donc vraisemblablement doubler ce chiffre. Dans la journée du 1er juillet 1890, les 2.364 banques nationales, qui ont répondu à la circulaire du comptroller général, avaient encaissé 421.824.726 dollars, dont 5.079.252 en espèces métalliques (soit 1.21 p.100) 12.870.611 en certificats de dépôts du Trésor (3,05 p. 100) et le reste en chèques (45 p.100), en virements au Clearing House (46 p. 100) ou autres procédés divers (3,76 p. 100). V. the Banker’s magazine de New-York, janvier et février 1891.