Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

développées dans les pays anglo-saxons. Elles commencent à pénétrer en France. Comme, en temps normal, les dépôts retirés sont constamment remplacés par d’autres dépôts et que leur chiffre s’accroît d’une manière continue, ces nouvelles habitudes mettent en définitive à la disposition du commerce et de l’industrie une somme considérable de capitaux qu’ailleurs une prudence craintive soustrait à la production. Le maniement et l’utilisation des dépôts exigent de la part des banquiers beaucoup de vigilance. Ils ne peuvent prêter eux-mêmes ces fonds, qui leur sont confiés, sous la condition d’un retrait possible à brève échéance, que pour de très courtes périodes et en les gageant sur des opérations commerciales sérieuses devant aboutir prochainement à des paiements au comptant faits par la consommation.

Par les relations que les banquiers entretiennent avec des places étrangères, par l’établissement de succursales et de comptoirs, ils ont rendu régulier l’usage de la lettre de change. Pratiquée sous une forme grossière par les Assyriens et par les Grecs, la lettre de change, au moyen âge, apparaît sur tous les points du monde à la fois, à mesure que le commerce se développe. Elle est d’autant plus usitée alors que la licéité du contrat de change et la légitimité du bénéfice du banquier n’ont jamais été contestées par la doctrine canonique. Les chèques, les mandats de paiement, les lettres de crédit ne sont qu’une extension moderne de ce contrat, où le génie de la Banque s’est affirmé dès le xiiie siècle.

La distribution du capital circulant que les banquiers font entre les producteurs par les différents mécanismes du crédit leur a toujours donné une certaine prépondérance sociale. Les statuts des villes italiennes du moyen âge en faisaient un des arts majeurs et donnaient à leurs livres le caractère d’écritures publiques. Aujourd’hui encore, ils sont classés au premier rang dans le monde des affaires. Dans notre dernier chapitre,