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placers de la Californie et de l’Australie. On put dire, après la crise monétaire du xvie siècle, que Christophe Colomb avait rapporté du nouveau monde la libération des dettes de l’ancien, tant les fortunes et les fondations anciennes, qui reposaient sur des rentes, furent réduites à rien. De nos jours, les familles qui ont conservé le même revenu nominal dérivé de rentes qu’en 1850, peuvent à peine se procurer la moitié des objets qu’elles pouvaient acquérir alors. Les salaires et la rémunération des services de toute sorte ont au contraire augmenté généralement en proportion de la diminution de la puissance d’acquisition de la monnaie[1]. Il y a là une dépréciation spéciale aux capitaux engagés sous la forme d’argent, qui correspond à la dépréciation que les inventions et les voies de communication nouvelles font subir incessamment à l’outillage industriel et à une grande partie du capital incorporé dans les terres et les constructions urbaines.

L’action de toutes ces causes rend au moins inutiles les révolutions et les cataclysmes auxquels font appel les socialistes philosophes pour empêcher l’accroissement indéfini du capital.

VI. — Plus les sociétés sont compliquées, plus est grand le nombre des individus qui ne peuvent pas employer directement leurs épargnes comme capital ; par conséquent, plus importante devient la fonction des banques.

Le crédit ne peut avoir quelque développement que grâce à leur intermédiaire. Nous disons intermédiaire ; car le patrimoine propre d’un banquier ne doit, en bonne règle, être qu’un fonds de réserve et de garantie[2]. Son rôle économique est de recueillir les épargnes faites par les personnes, qui ne sont pas capables de les faire fructifier elles-mêmes, et de les prêter à des producteurs avec les précautions convenables et en en demeurant responsables. L’intérêt

  1. V. à la fin du volume l’Appendice : la Question monétaire en 1892.
  2. V. l’excellent Manuel des opérations de banque et de placement, par M. Georges Vignes. Paris, Pichon, 1889.