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DE LA REINE.

rangea pour la dernière fois ses beaux cheveux, et elle frémit en voyant tout d’un coup sa tête toute blanche, blanchie en vingt-quatre-heures !… Elle compléta cette dernière parure en mettant à ses jambes des bas noirs, et à ses pieds ces mêmes petits souliers qu’elle avait conservés précieusement et qu’elle n’avait point déformés depuis soixante-seize jours qu’ils lui servaient.

Oserai-je vous dire ce que Rosalie raconte ? que la Reine, à demi cachée entre la muraille et son lit de sangle, fut obligée de s’accroupir contre le mur pour changer de vêtements, et que le gendarme qui la gardait se baissa dans la ruelle pour voir la Reine ; et qu’en vain Sa Majesté, tournant vers cet homme des yeux pleins de larmes, le pria au nom de l’honnêteté de détourner la tête. Le gendarme répondit que c’était sa consigne. Et quand elle eut changé de robe, par un dernier sentiment de pudeur la pauvre femme plia avec soin le vêtement qu’elle quittait, et, après l’avoir bien