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DE LA REINE.

la garde-robe que ce forçat, nommé Barassin ; et quand il était sorti elle priait Rosalie de brûler du genièvre pour changer l’air.

Rosalie avait obtenu la permission de brosser les souliers de la Reine. C’étaient de jolis petits souliers noirs de prunelle, qu’on eût pris pour les pantoufles de Cendrillon ; la France entière avait été prosternée à ces deux pieds, qu’on eût encore adorés même s’ils n’avaient pas été les deux pieds d’une reine. Le froid et l’humidité de la prison s’attachaient à cette légère chaussure comme eût fait la boue de l’hiver ; un jour même, un gendarme républicain eut pitié de cette humble chaussure : il tira son sabre et ôta avec soin toute cette rouille moisie qui entourait les petites semelles. Cependant dans le préau voisin, les yeux fixés sur cette grille qui les séparait de leur souveraine, se tenaient les prisonniers du Temple, royalistes voués à la mort : c’étaient de vieux prêtres de Jésus-Christ, c’étaient de vieux officiers de Fontenoy, c’étaient