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LES TORTURES

mes ; les stores de la voiture sont baissés ; la royale captive ne verra pas même à travers ces vitres fangeuses cette belle aurore. Il n’y a plus d’aurore pour la Reine, il n’y a plus de ciel, il n’y a plus un oiseau qui chante, plus une feuille qui verdisse ; il n’y a plus que le bourreau.

Arrivée à la Conciergerie, la porte se referma sur elle ; et cependant on dirait qu’elle connaît déjà tous les détours de cette nouvelle prison, tant elle est habile à parcourir ces sombres corridors. Elle marche dans ce dédale obscur aussi calme que si elle eût traversé la galerie de Lebrun pour se rendre à la chambre du Roi. Tout d’un coup, à sa porte étroite, à son aspect menaçant, à son guichet gardé par des espions, elle devina le cachot qui lui était destiné, et elle entra.

On lui apporta le livre d’écrou, elle le signa d’une main ferme ; puis elle tira de sa poche un mouchoir blanc, et à plusieurs reprises elle essuya son beau front, chargé de