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DE LA REINE.

jour ; c’était l’heure où plus d’une fois la Reine de France, ouvrant sa fenêtre dans son appartement du château de Versailles, seule, en silence, heureuse, attendait les premiers rayons du soleil et les premiers chants de l’oiseau. Qu’ils étaient beaux à cette heure les jardins de Versailles ! Le cristal de ces eaux murmurantes, s’écoulant doucement à travers ces gazons fleuris, ce peuple de statues mollement endormies, ces vieux arbres qui avaient abrité le grand roi et le grand siècle, cette allée sombre où se promenait Bossuet, et, tout au bout de l’avenue, le Petit-Trianon, chaumière de marbre dont la Reine était la bergère, tel était ce spectacle matinal.

Mais aujourd’hui, à trois heures du matin, la Reine est brusquement tirée de son sommeil. Debout ! debout ! Il faut qu’elle parte du Temple pour aller à la Conciergerie ; le cachot qu’elle habite est trop bon pour elle. Elle se lève donc entre deux gendarmes, elle monte dans une voiture de place avec ces gendar-