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d’egmont.

Le public de Versailles, admis au dîner du Roi, entrait par une porte et sortait par une autre porte, décrivant dans sa marche rapide un quart de cercle autour du grand couvert. J’ai oublié de vous dire que Mme d’Egmont se tenait à la droite du Roi.

Tout à coup le mouvement de cette foule qui passait en silence devant la table du Roi est suspendu ; un légère rumeur, retenue par le respect, se fait entendre. Tous les regards, qui étaient tournés vers le Roi, se portent du même côté, et alors chacun put voir vis-à-vis le Roi, et le regard tourné vers lui, fixe, immobile, et cloué à la même place par une force surnaturelle, un homme, un soldat, mais bien fait, mais jeune et beau, mais d’une noble attitude, mais d’un charmant regard, mais d’une grâce parfaite, presque aussi beau que le Roi. Comme je vous le dis, il était là immobile, hors de lui, sans mouvement et sans parole : il avait reconnu Mme d’Egmont !