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la comtesse

gardes-françaises qui avaient été placés aux quatre coins du poêle funèbre. Ces jeunes gens revêtus de leur riche uniforme, l’arme au bras, tenaient tout au plus la place de quatre grands cierges d’honneur, et personne n’y avait fait plus d’attention qu’on n’en avait fait aux colonnes même du catafalque. Ces courtisans de Versailles vivaient entre eux et ne voyaient qu’eux seuls au monde : comment auraient-ils fait attention à quatre gardes-françaises placés en sentinelle ? Tout au plus quelques vieilles femmes avaient-elles porté un regard distrait sur un jeune soldat qui était le premier à droite, immobile ; car en effet c’était là un beau jeune homme : dix-huit ans à peine, élancé et bien pris dans sa taille, l’œil noir et grand et mélancolique, le visage pâle et pensif ; c’était tout à fait le port d’un gentilhomme, tout à fait la taille d’un gentilhomme, et sans doute c’était une méprise du sort qui avait fait de ce jeune homme un simple soldat aux gardes. Mais, encore une fois, c’étaient là des remar-