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la comtesse

dame ! La veille du jour où il est mort voici la lettre qu’il m’écrivit. « Aimez-la ! et parlez-lui de moi qui l’aimais ! et dites-lui que je l’aimais à en mourir ! Et plaise au ciel que tu sois heureuse, Septimanie ! Remettez-lui tout ce que j’avais d’elle, ce ruban qu’elle perdit dans un bal, à Versailles ; cette fleur qu’elle a portée, ce mouchoir brodé aux armes de sa maison. Voilà tout ce que j’avais à elle. Et aussi priez-la, pour l’amour de moi, de veiller sur mon jeune frère ; car celui-là avait besoin de moi sur cette terre, car celui-là me pleurera de tout son cœur, car celui-là est un innocent et honnête jeune homme sans fortune, sans famille, sans parents, qui n’a que son épée, et qui n’a pas même un nom ! Mais elle en aura soin : elle est si bonne ! elle remplacera pour le frère cadet le frère aîné qui est mort. Aussi dites-lui bien que je lui donne ma foi. Et maintenant voici l’ennemi : je vais mourir. Adieu, mon vieil ami, adieu, adieu, adieu ! »