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la comtesse

La jeune comtesse, sans s’émouvoir, laissa passer l’orage, et, quand son voile eut repris sa place accoutumée, quand ses beaux cheveux furent rendus à leur souplesse naturelle, elle adressa la parole à la vieille femme, et elle lui parla d’une voix si douce, d’un ton si touchant, avec un regard si plein de bienveillance, que la vieille entendit la question sur-le-champ, toute courte qu’elle était.

— Vous demandez le vidame de Poitiers ? dit la vieille.

— Le vidame de Poitiers, reprit la comtesse ; et au même instant elle fut frappée du changement qui s’était opéré dans les traits de la vieille femme.

En effet, je ne sais quelle profonde terreur s’était répandue tout à coup sur ce visage, naguère impassible. Toujours est-il qu’au seul nom du vidame de Poitiers ses yeux éteints s’étaient ranimés et sa taille voûtée s’était relevée, ses vieilles mains s’étaient contractées, comme aussi cette vieille bouche sans dents