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marianna.

ses passions mauvaises l’abandonnent. Elle se dépouille de ses enthousiasmes menteurs comme on ferait d’un vêtement délabré ; elle laisse aux buissons du sentier la poésie qui l’a perdue, comme fait la brebis du superflu de sa toison. Pas à pas elle retrouve les douces impressions de sa jeunesse innocente et chaste, respectable et respectée. C’est ainsi qu’autrefois, quand elle avait seize ans et une âme pure, les troupeaux revenaient des pâturages, les ombres descendaient dans la vallée. C’est ainsi que toutes les mélodies du soir tintaient à la fois à son oreille enchantée. Voilà le cimetière où repose sa mère, voilà la croix de bois où elle s’agenouillait, voilà bien les vieilles femmes qui filent leur quenouille de chanvre, les hommes qui se délassent des travaux du jour, les enfants, troupe bruyante, qui animent le village de leurs cris. Hélas ! où est le temps où chacun la saluait du regard et sollicitait son sourire par une bénédiction partie du cœur ? Mais à pré-