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marianna.

l’avenir, il faut être ménagère de cette âme si jeune, il ne faut pas donner le vertige à cette tête blonde et bouclée ! Mais l’imprudente n’entend rien. Elle a été si malheureuse de son premier amour qu’elle a hâte d’épuiser le second. Elle a peur que l’amour ne manque à Henri, et elle ne comprend pas encore que ce soit l’amour qui puisse lui manquer à elle-même. Ah ! cette fois je la plains, la malheureuse ! plus encore que je ne la plaignais quand elle était foulée aux pieds de son premier amant, quand elle criait en vain : Grâce ! merci ! pitié !… quand elle eut donnée sa vie pour un regard ! Je la plains, car déjà son amour sonne creux, déjà elle recule devant ce jeune homme qui lui dit : Je t’aime ! Déjà elle comprend le néant du cœur. Vague inquiétude, indéfinissable malaise, ardents désirs du repos, et enfin l’ennui, l’ennui implacable, voilà ce qui la tue. Elle a besoin de solitude, Henri est toujours là près d’elle. Elle a besoin de silence, Henri est toujours là qui lui dit : Je t’aime !