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marianna.

times causeries avec son mari, avec sa sœur, avec son beau frère, avec toutes les bonnes gens qui l’aiment tant. Elle n’appartient plus corps et âme qu’à la rêverie qui la tue. Pour elle l’hiver n’a plus de glaces, le printemps n’a plus de fleurs, ou, pour mieux dire, sa passion met à profit toutes choses, et les glaces de l’hiver et les fleurs du printemps. Cependant Marianna était loin de Georges ; elle était, encore innocente et pure ; la résignation qui pouvait venir, chaque année devait apporter un peu de calme à ce cœur si mobile : le sentiment poétique s’en va bien vite quand s’en va la jeunesse. Malheureusement M. de Belnave fut appelé à Paris par ses affaires ; il voulut emmener avec lui cette jeune femme qui soupirait toujours, et alors tout fut perdu.

Mais aussi quel dangereux moment pour mener à Paris cettc poétique Marianna ! Paris sortait à peine de la révolution de juillet. Il était encore tout ému et tout exaspéré de la