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marianna.

M. de Belnave dit à sa femme : Veux-tu que nous allions aux eaux de Bagnères ? Et le lendemain même l’imprudent mari conduisait sa jeune et ignorante compagne dans cette oisiveté parée et élégante des Pyrénées, plus dangereuse mille fois que l’oisiveté bourgeoise de Blanfort. Ce fut là un grand tort de cet honnête mari. Puisque sa femme s’amusait tant à répandre ces larmes sans motif, il devait attendre patiemment que ces larmes se fussent taries. À coup sûr Marianna eût cessé de pleurer le jour même où ses yeux eussent été rouges. La voilà donc la femme la plus nouvelle, c’est-à-dire la femme la plus fêtée des eaux. Que voulez-vous ? On ne l’avait vue encore nulle part. Elle était inconnue à tous ces martyrs de la mode, à tous ces malades de l’hiver qui se sont vus six mois de suite dans les bals, dans les concerts, dans les fêtes de chaque jour, et qui se sont mis parés à ce point qu’ils se font horreur et pitié. Elle, de bon côté, Marianna, qui, ne savait rien de ce