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marianna.

leur propre bonheur, dans lesquelles la poésie surabonde, misérable et fatale poésie qui brise les liens les plus chers, qui couvre de honte le toit domestique, qui arrache la jeune femme à tous les sentiments du devoir. Mais cependant le moyen pour une femme de n’être pas vaincue quand elle prête une oreille attentive aux battements de son cœur, quand elle s’abandonne à la molle oisiveté de ses vingt ans, quand d’un mari occupé et sérieux elle voudrait faire un amant frivole ? Ainsi était Mariannana. dans son calme village de Blanfort. Elle était heureuse, mais son bonheur était sans nuages ; elle était aimée, mais elle était aimée sans transports. Et que ces malheureuses femmes sont mal à l’aise dans cette parfaite tranquillité de l’esprit et du cœur !

Un jour que M. de Belnave, le mari de Marianna, la vit pleurer (c’était pour elle un délassement tout nouveau, et elle s’amusait à verser des larmes, comme elle se serait amusée à chanter une romance de Panseron),