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la comtesse

idée horrible. Tout ce qu’elle avait entendu de cet homme et du mystère qui l’enveloppait lui revenait alors en mémoire. Les uns disaient qu’il s’était là enfermé pour un crime, les autres par désespoir ; quelques-uns, les plus forts d’esprit, soutenaient que ce n’était pas le vidame qui habitait dans le silence de ces murs, mais bien son âme et l’âme de ses serviteurs qui attendaient la résurrection éternelle. D’ailleurs, que lui voulait-il ? et qu’y avait-il de commun entre elle et lui ? et que pouvait-elle pour lui et lui pour elle ? — Mon Dieu ! mon Dieu ! disait-elle en se tordant les mains ; et cette jeune femme si fière et si noble, et qui n’avait jamais eu peur, cette âme moitié Guise et moitié Richelieu, moitié ligue et moitié fronde, cette jeune femme qui avait su si bien se taire et si bien cacher le mal qui lui rongeait le cœur que personne ne l’avait soupçonné, eh bien ! à présent elle éclate, elle tremble, elle ne veut pas obéir à son père, en un mot, elle se l’avoue à elle-