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la comtesse

sa fille le regardait d’un air étonné, mais aussi sans inquiétude, comme une femme revenue de toute surprise, que rien ne peut plus intéresser en ce monde, et qui est prête à tout, à l’extraordinaire comme à autre chose.

Le maréchal ayant attendu en vain une réponse de sa fille reprit la conversation en ces termes :

— Je vous ai souvent parlé, mon enfant, d’un vieux gentilhomme que j’ai connu autrefois à l’armée, qui a nom le vidame de Poitiers. Vous savez que ce vidame de Poitiers a été mon ami, et que moi j’ai été son obligé ; qu’il nous a sauvé la vie (excusez du peu), et que depuis ce temps je ne l’ai pas revu. Ce qu’on dit et ce qu’on ne dit pas sur ce vidame est étrange. Il y a tantôt vingt ans (vous n’étiez pas née, ma chère fille !) que mon vieux camarade s’est retiré dans une maison à lui au Marais, une vieille et mystérieuse maison, sur ma parole. On n’y entend point de bruit dans le jour, on n’y voit point de lumière dans la