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l’apologie

En effet, tout aussi bien que les mémoires de Beaumarchais le plaidoyer d’Apulée vous donnera une idée de la licence et de la corruption à laquelle était parvenue la plus riche langue qu’eussent parlée les hommes depuis Démosthènes ; chez l’un et l’autre orateur, Apulée et Beaumarchais, c’est le même oubli des convenances, la même ironie exagérée, la même insolence dans le fond, la même ironie dans la forme, la mère façon de lancer le venin et l’injure, quelquefois aussi le même mouvement passionné, naturel et convaincu. Que voulez-vous ? Beaumarchais est aussi voisin de Bossuet qu’Apulée est voisin de Cicéron ; mais les révolutions brisent si vite toutes choses ! D’ailleurs vous pardonnerez à cette éloquence improvisée ce qu’elle a d’irascible, d’injurieux et de personnel. Attaqué à l’improviste, Apulée n’avertit pas ses juges, il ne prend même pas le temps de préparer sa défense. Comme il était l’autre jour occupé à plaider contre Emilianus, il a