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l’apologie

pauvre grand satirique Juvénal nommé chef de cohortes à soixante-dix ans et traînant sa peine, son armure et sa cohorte dans les sables de l’Égypte, où il meurt de fatigue et de chagrin. Un poête libre, heureux et riche ! Mais ce Lucius y pense-t-il ? Ne sait-il pas que Phèdre était esclave ? ne sait-il pas comment Sénèque est mort ? ne sait-il pas de quelles tristes déclamations ont vécu jusqu’à ce jour les misérables qui ont fait de la poésie sous ces onze empereurs, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien, ce Néron chauve, comme disait Juvénal, Nerva, Trajan, et enfin ce même Adrien, ce lâche bourreau de Juvénal immolé au ressentiment d’un vil histrion aimé de l’Empereur ? Quoi donc ! ce petit écrivain de fables silésiennes, il aura été aimé des femmes, honoré des hommes, il aura été le meilleur élève de l’école athénienne, il aura traversé le monde et la jeunesse en riant comme un fou, et maintenant, arrivé à l’âge mûr, le voilà