Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LA COMTESSE

même, ce frivole Richelieu qui a été jeune et fou jusqu’à la mort, ne se présentait guère chez sa fille à ces heures de silence : il attendait pour la voir que la comtesse, rendue à elle-même, fût redevenue ce qu’elle était dans les salons ou à la cour, une femme pleine de grâces et d’esprit, dont le sourire, dont la voix, dont le regard, dont le geste royal charmaient tous les esprits et tous les cœurs. Car une fois dans le monde la comtesse redevenait une femme du monde : elle était fière, elle était vive, elle était belle, insouciante de toutes les innovations que ce siècle, à force d’indépendance, de cynisme et d’esprit, introduisait chaque jour dans les mœurs et dans les lois. Cette jeune femme, par son intelligence, par son esprit, par sa grâce parfaite, par cette rare élégance de manières qui commençait à se perdre mais dont elle n’avait rien perdu, appartenait bien plus à la société passée qu’à la société présente, bien plus à Louis XIV, le grand roi, qu’à Louis XV, bien