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la princesse

Ainsi ce bel et noble esprit, qui à cette heure est au ciel, s’était fait bénévolement un intermédiaire animé, chaleureux et bienveillant, entre le trône et la jeune école poétique ; elle apprenait à son père les noms des nouveau-venus dans l’arène ; elle accoutumait cette oreille rebelle aux vers nouveaux, à la prose nouvelle, au drame moderne ; elle lui démontrait, les preuves à la main, qu’à tout prendre, la France qui a produit Lamartine et Eugène Delacroix, M. de Lamennais, oui, M. de Lamennais lui-même, et Mme Sand (car elle parlait même au Roi de Georges Sand), n’était pas, à tout prendre, sans honneur dans les lettres et dans les arts. Et vous pensez que le père, tout fier de sa fille et de son royaume, se laissait facilement convaincre par celle-ci en faveur de celui-là. Cependant qui donc eût osé, sinon la princesse Marie, soutenir ainsi la poésie, la littérature et les beaux-arts de ce siècle, comparé à ce 18e siècle français si cher sous tant de rapports aux hommes de 1789 ?