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la princesse

l’Europe le royal artiste ne pensait pas à vous.

Toute cette vie si jeune et si ardemment t dévorée s’est passée ainsi dans les pénibles et innocentes méditations des beaux-arts. Il faut le dire à la louange de ce grand talent que nous avons perdu, personne, de nos jours, et même les plus illustres, n’avait porté plus d’intelligence et plus de dévouement dans ces rudes études sans lesquelles les plus rares facultés avortent toujours. Elle avait affronté silencieusement toutes les difficultés de son art, elle en avait senti une à une toutes les épines, elle avait plongé la main, et une main ferme, dans cette noble terre qu’il faut pétrir de fond en comble pour en faire quelque chose. Elle ne s’était même pas épargné les leçons de l’amour-propre ; et, quand elle eut conquis sa place parmi les maîtres, elle se plaisait à raconter comment plus d’une fois elle avait envoyé à l’exposition du Louvre des ouvrages non signés, et comment le public avait passé indiffé-