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la princesse

quelle expression d’un dédain involontaire. Les courtisans, ou, si vous aimez mieux, ce qu’on appelle les courtisans, disaient entre eux que la princesse Marie était fière. Fière de quoi ? hélas ! elle avait le noble orgueil de la pensée occupée, l’ambition des grandes âmes. Mais ce sont là des choses au-dessus de l’estime du vulgaire. Non, elle n’était pas fière avec les coutisans, mais elle s’ennuyait avec eux. Et que pouvait-elle leur dire, je vous prie ? elle parlait une langue qui ne se parle pas dans ce monde bizarre des Tuileries, qui n’est ni le peuple ni la cour.

Jette jeune femme à jamais regrettable avait tous les sentiments qui font les grands artistes. Elle avait, avant tout, le sentiment de l’indépendance ; elle aimait de préférence la causerie facile, l’étude, le silence, l’obscurité. Dans ce palais qu’elle habitait elle s’était creusé une retraite profonde où nul ne l’eut découverte si les abords même de cet apparment écarté n’eussent révélé je ne sais quel