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marie de wurtemberg.

monde de la puissance qu’elle habitait, bien peu auraient su dire en effet toute la valeur de cette noble fille. Elle n’était à l’aise que dans cet autre royaume des arts pour lequel elle était née. Là elle vivait, là elle régnait, là elle était éloquente, là elle pouvait dire en frappant du pied : Le domaine que je foule est à moi ! Mais quand elle venait à se souvenir qu’elle habitait le palais des Tuileries, qu’elle était la fille du roi le plus occupé de l’Europe, que ses frères étaient des princes du sang, et qu’elle-même il lui fallait faire le métier d’une princesse, sourire à tous, accepter comme des puissances ces nullités misérables, écouter ces vains propos de courtisans déroutés, tendre la main à ces bourgeoises perdues dans le salon des Maréchaux ; alors, sur ce front si blanc et si pur se répandait comme un léger nuage ; alors ce beau regard, tout à l’heure fièrement tourné vers le ciel libre, s’abaissait tristement vers la terre ; alors cette éloquente pensée s’arrêtait, cette lèvre souriante prenait je ne sais